Le processus thérapeutique

La mise en place d’une démarche thérapeutique présuppose :
1 – que le client, en état d’inconfort, d’anxiété,… éprouve le besoin de vouloir se faire aider par le professionnel « psycho-thérapeute » ;
2 – que le psychothérapeute ai intégré les attitudes que sont la congruence, le regard positif inconditionnel et l’empathie ;
3 – que le client perçoive, un minimum, la présence de ces qualités chez son thérapeute.
Ces conditions réunies, le processus thérapeutique commence. Carl Rogers a décrit ce processus sous la forme de 7 stades qui sont partiellement décrits ci-dessous. Conscient que cette analyse n’est pas la seule possible, elle reste toutefois un processus ordonné, cohérent et même prévisible.

Stade 1
Les sentiments et les opinions personnels ne sont ni perçus ni reconnus comme tel.
Les schématisations personnelles sont extrêmement rigides. Se trouver en relations intimes et personnelles avec quelqu’un est ressenti comme dangereux. A ce stade, aucun problème personnel n’est reconnu ni perçu.
Il y a beaucoup de blocages dans la communication interne.

Stade 2
L’expression concernant des personnes autres que lui-même devient moins superficielle.
Les problèmes sont perçus comme extérieurs à soi.
Pas de sentiments de responsabilité personnelle à l’égard de ses problèmes.
Les sentiments peuvent être extériorisés, mais ne sont pas reconnus comme tels, ni revendiqués.
L’expérience immédiate est liée à une structure imposée par le passé.
L’expression des intentions et des sentiments personnels est globale et manque de nuances.

Stade 3
Le discours ayant le « moi » pour objet devient plus facile.
Le client parle encore de ses expériences personnelles comme s’il s’agissait d’objets.
Il y a très peu d’acceptation des sentiments. Ceux-ci apparaissent, pour la plupart, comme quelque chose de honteux, de mauvais, d’anormal, toujours plus ou moins acceptable. Des sentiments sont manifestés, et quelquefois alors reconnus comme tels. L’expérience vécue est décrite comme si elle appartenait au passé ou bien comme si elle était étrangère au moi.
Les schèmes personnels sont rigides, mais il se peut qu’on les prenne pour ce qu’ils sont : des schèmes personnels et non des faits extérieurs.
L’expression des sentiments et des opinions est un peu plus nuancée, moins globale que dans les stades précédents.
Les contradictions de l’expérience immédiate sont reconnues.

Stade 4
Les sentiments sont toujours décrits comme des objets mais dans le présent.
Une certaine tendance à éprouver des sentiments «ici et maintenant» apparaît, mais assortie de méfiance et de peur devant cette possibilité.
Les sentiments, les schèmes, les intentions personnels se nuancent avec une certaine tendance à rechercher une symbolisation exacte.
Le client se rend compte des contradictions et des dissonances entre son expérience immédiate et son moi.
Le sujet prend conscience de sa responsabilité concernant ses problèmes personnels mais avec quelques hésitations.

Stade 5
Les sentiments sont exprimés librement comme s’ils étaient éprouvés dans le présent.
Les sentiments sont sur le point d’être pleinement éprouvés. Ils commencent à remonter à la surface, en dépit de la peur et de la méfiance que le client éprouve à les vivre pleinement et dans l’immédiat.
Une tendance commence à se faire jour : les sentiments éprouvés se référent à une expérience intime.
De plus en plus le sujet revendique ses propres sentiments et désire les vivre, être son « vrai moi ».
L’expérience immédiate s’assouplit, n’est plus distante, fréquemment elle ne surgit qu’avec un léger retard.
Il y a une tendance forte et évidente à l’exactitude dans la différenciation des sentiments et des intentions.
De plus en plus le sujet accepte de regarder en face ses propres contradictions et incohérences.
Le sujet accepte de plus en plus facilement sa propre responsabilité devant les problèmes qu’il doit affronter et se sent de plus en plus concerné par le comportement qu’il a eu. Le dialogue intérieur est de plus en plus libre, la communication interne est améliorée et le blocage réduit.

Stade 6
Un sentiment qui auparavant a été bloqué, inhibé dans son évolution est éprouvé maintenant immédiatement.
Un sentiment s’épanouit pleinement.
Un sentiment présent est directement ressenti dans toute sa spontanéité et sa richesse.
Ce caractère spontané et immédiat de l’expérience et le sentiment qu’elle contient sont acceptés, c’est devenu quelque chose de réel, et qui n’a plus à être refusé, craint ou combattu.
L’expérience est vécue, elle ne fait pas simplement l’objet d’un «sentiment».
Le moi tend à disparaître en tant qu’objet.
L’expérience immédiate, à ce stade, prend l’aspect caractéristique d’un processus.
Une autre caractéristique de ce stade est la détente physiologique qui l’accompagne.
Le moment de la prise de conscience intégrale va devenir un cadre de référence clair et défini.

Stade 7
De nouveaux sentiments sont éprouvés avec un caractère d’immédiateté et une richesse de détails à la fois dans la relation thérapeutique et en dehors d’elle. L’expérience immédiate de tels sentiments est utilisée comme un critère parfaitement clair.
L’expérience immédiate a presque complètement perdu ses aspects schématiques et abstraits et devient réellement l’expérience du processus lui-même ; c’est-à-dire que la situation est vécue et interprétée dans toute sa nouveauté, non en tant que passé.
La communication interne est claire – impressions et symboles étant bien assortis – avec des termes neufs pour des sentiments nouveaux. Le sujet fait l’expérience du choix effectif de nouvelles manières d’être.
(Extraits du Développement de la Personne de Carl Rogers, Paris, Dunod, 1998, pp.86-106.)